RECUEIL DES ACTES DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC
INSTITUT D’HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE À LA SORBONNE.
(15-08-1793 au 21-09-1793)
Volume V pages 471- 472.
5. Vu le mémoire du citoyen CHAPPE, ingénieur télégraphe (sic), sur les moyens d’établir des machines de son invention et l’application que l’on en peut faire, en exécution du décret du 26 du mois dernier;
Le Comité de salut public, considérant qu’indépendamment des avantages que promet cette invention pour la célérité des correspondances, il en est un qui peut devenir précieux dans le moment actuel, par la facilité des communications avec une ville qui serait assiégée, arrête :
Que le ministre de la guerre* donnera sans délai les ordres nécessaires pour faire transporter et établir à Lille l’un des télégraphes qui ont été construits pour servir aux expériences, et un autre à Landau;
Qu’il donnera pareillement les ordres nécessaires
pour établir, le plus tôt possible, les stations de correspondance les plus voisines de ces deux places;
Qu’il ordonnera de suite le placement des stations qui doivent former une ligne de correspondance de Lille à Paris, et la construction des machines à y établir;
Qu’il nommera des hommes capables de diriger et surveiller lesdites constructions d’après les plans et devis qui leur seront remis, par l’ingénieur télégraphe, lesquels préposés seront chargés d’arrêter les mémoires de dépenses dont le montant sera payé sur les ordonnances du ministre;
Que le ministre de la guerre fera remettre incessamment au ministre de l’intérieur un état des meubles et instruments qui seront nécessaires à l’établissement desdites stations, tels que pendules, télescopes, lits, tables et autres effets à l’usage des stationnaires, pour qu’à la vue dudit état le ministre de l’intérieur donne de sa part les ordres nécessaires pour se faire rendre compte de ceux desdits instruments et meubles qui peuvent être à la disposition de la nation et en ordonner de suite la remise aux préposés à l’établissement desdites stations (1).
(1) Arch. nat., AF 11, 220. — De la main de GUYTON. — On remarquera que GUYTON - MORVEAU ne faisait plus partie du Comité de salut public
* ndlr : Le ministre de la guerre dont il est question ici, est JEAN BAPTISTE BOUCHOTTE
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Volume V page 479.
4. Le Comité arrête que le ministre de la guerre prendra sur-le-champ les mesures nécessaires pour établir un télégraphe dans Landau, dans Lille, dans Dunkerque.
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Volume VI pages 97-98.
4. Le Comité de salut public de la Convention nationale, sur l’observation d’un de ses membres que d’après le décret du 23 de ce mois, qui rappelle les commissaires envoyés dans les départements par le Conseil exécutif, l’exécution de son arrêté du 4 août relatif à l’établissement de la machine télégraphique pourrait éprouver des retards par la suspension du préposé nommé en vertu de cet arrêté par le ministre
de la guerre pour surveiller cet établissement et les dépenses qu’il pourra occasionner, arrête que le citoyen Garnier, désigné par le ministre de la guerre pour cette mission, continuera de la remplir et l’autorise à presser par tous les moyens possibles le prompt établissement de la machine télégraphique dans les lieux indiqués par le susdit arrêté, qui, au surplus, sera exécuté dans toutes ses dispositions.
Le Comité de salut public met à la disposition du ministre de la guerre, sur les 50 millions dont il peut
télégraphes nécessaires pour le correspondant de Lille.
LAZ. CARNOT, C. -A. PRIEUR, HÉRAULT (1)
5. Le Comité autorise le citoyen Garnier à prélever sur la somme ci-dessus les dépenses qu’il fera pour
l’exécution de sa mission et dont il fournira le mémoire; autorise en outre le ministre de la guerre à donner les
ordres nécessaires pour que les citoyens Pierre Chappe, Ignace Chappe et Prosper Delaunay, désignés par le
citoyen Chappe, auteur du télégraphe, se rendent à Paris pour seconder ledit citoyen Cbappe dans ses opérations.
HÉRAULT, CARNOT, C. -A. PRIEUR (2)
(1) Archi. nat., AF 11, 200. — Le dernier paragraphe est de la main d’Hérault.
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Volume VI pages 565 - 566.
COMITÉ DE SALUT PUBLIC.
Séance du 19 septembre 1793.
Présents : BARÈRE, HÉRAULT, JEANBON SAINT-ANDRÉ, CANOT, C.-À. PRIEUR, PRIEUR (de la Marne).
1. Sur la représentation du citoyen CHAPPE, qui se trouve arrêté dans l’exécution de sa machine télégraphique
par le défaut de fers, lesquels sont actuellement en réquisition, le Comité de salut public de la Convention
nationale autorise le citoyen CHAPPE à acheter trois milliers de fers, trente bottes de gros fil de fer et 1,200
livres de fil de laiton.
B. BARÈRE, HÉRAULT.(1)
(1) Archi. nat., AF 11, 220. — De la main d’Hérault
Volume VII pages 29 et 30.
5. Le Comité de salut public, vu le mémoire du
citoyen Chappe ingénieur Télégraphe (sic), arrête ce qui suit: Le citoyen Chappe est autorisé à placer la machine télégraphique sur les tours, clochers et emplacements qu’il a choisis pour leur établissement et à y faire faire tous les ouvrages et constructions nécessaires, même à faire abattre les arbres qui pourraient gèner la direction de la vue d’une machine à l’autre ; les propriétaires tant des terrains sur lesquels les machines seront posées, que des arbres qu’il sera nécessaire d’abattre et qui appartiendraient à des particuliers, seront indemnisés, savoir pour les arbres, d’après l’estimation de leur valeur, et pour les terrains, d’après l’estimation de la fixation du loyer de chaque portion occupée par la machine. Ces estimations seront faites par deux experts, dont l’un sera nommé par la municipalité du lieu, et l’autre par le propriétaire, le tout en présence du préposé à la surveillance de la machine télégraphique qui pourra faire à ce sujet toutes réquisitions nécessaires.
Le ministre de l’intérieur donnera sans délai les ordres nécessaires pour que les municipalités des lieux où seront placées les machines veillent à leur conservation par tous les moyens qui sont en leur pouvoir et procurent au citoyen Chappe les ouvriers et matériaux dont il pourrait avoir besoin.
Le citoyen Chappe est autorisé à nommer
les divers agents de la correspondance télégraphique; il en remettra la liste au ministre de la guerre, qui est chargé de leur délivrcr des commissions et de fixer leurs appointements; le citoyen Chappe présentera incessamment un projet de règlement sur l’exactitude et la discipline à observer par les agents dans chaque partie de leur service; ce projet sera remis au ministre de la guerre, qui le soumettra à l’approbation du Comité de salut public.
Aussitôt l’établissement de la correspondance de Lille à Paris, le citoyen Chappe remettra au ministre de la guerre et au Comité de salut public un état certifié par le préposé à la surveillance de la machine télégraphique, lequel indiquera les noms des différents postes et des agents qui les occupent, ainsi que la nature dc leur emploi, et contiendra le détail des meubles, instruments et objets qui appartiendront à chaque machine.
Pour hâter la construction des machines télégraphiques, le ministre de la guerre donnera, s’il est nécessaire, des ordres pour mettre en réquisition les ouvriers dont pourrait avoir besoin le citoyen Chappe.
Le ministre de la guerre est autorisé à faire délivrer
au citoyen Chappe, pour ses voyages et sa correspondance, un des chevaux mis à la disposition de la République, à la charge par le citoyen Chappe de remettre ce
cheval lorsqu’il n’en aura plus besoin pour cet objet.
HÉRAULT, PRIEUR (de la Marne), CARNOT, B. BARÈRE, BILLAUD-VARENNE (1).
(1) Archi. nat., AF 11, 220
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Volume XIV pages 81 et 82.
32. Le Comité de salut public arrête que le citoyen Chappe fera établir sans délai une machine télégraphique
sur la montagne de Montmartre et sur le dôme au-dessus dugrand escalier du Louvre. La Commission des
travaux publics est chargée de fournir au citoyen Chappe tout ce qui est nécessaire à l’exécution de ses
opérations, d’examiner ses demandes et le compte des dépenses qu’il a faites, pour en faire rapport au
Comité et lui proposer les mesures à prendre. En attendant, les sommes nécessaires au placement des deux
nouvelles machines seront fournies par la Commission sur les fonds qui sont à sa disposition.
C.-A. PRIEUR (1).
(1) Archi. nat., AF 11, 220. - De la main de C.-Prieur. Non enregistré.
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Volume XV pages 424 et 425.
UN DES REPRESENTANTS À L’ARMÉE DU NORD AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.
Lille, 7 thermidor an II—25 juillet 1794. (Reçu le 29 juillet)
Citoyens collègues,
Je me trouvais à Dunelibre (Dunkerque), lorsque le citoyen Chappe, inventeur du télégraphe, est venu m’y trouver pour me communiquer qu’il m’avait apporté, de votre part un paquet concernant la machine télégraphique, et qu’il l’avait laissé à Lille. Je suis reparti le même jour de Dunelibre, et je suis arrivé hier à Lille. J’y ai trouvé le paquet qu’il m’avait annoncé. Il contenait un dictionnaire du langage télégraphique, un vocabulaire de phrases, votre arrêté du 8 messidor (1) et votre lettre d’envoi du.......
J’ai déjà commencé ce matin l’étude importante de ce nouveau langage, et j’espère que sous peu de jours je serai en état de faire toutes les traductions
nécessaires pour entretenir avec vous une correspondance très suivie et très secrète.
(1) Nous n’avons pas, à cette date, d’arrêté sur le télégraphe.
J’attends les nouvelles instructions que vous m’annoncez, et que j’étudierai avec le même zèle.
J’ai déjà causé avec les deux frères Chappe sur la science télégraphique, et je prendrai des leçons auprès de celui qui restera à Lille pour lever toutes les difficultés que je trouverai dans cette étude.
Je me proposais de retourner à Paris sous huit à dix jours, pour me reposer des fatigues d’une mission de huit mois; mais, dès l’instant que vous pensez que je puis être utile ici, j’y resterai jusqu’à ce que vous me fassiez connaître qu’il m’est permis de rentrer dans le sein de la Convention.
Salut et fraternité, FLORENT GUIOT.
[Arch. nat., AF II, 158. — De la main de Florent Guiot.]
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Volume XVII page 197
7. Le Comité de salut public, voulant multiplier les avantages de la correspondance télégraphique, arrête ce qui suit : Il sera établi une ligne de télégraphes de Paris à Landau, passant par Metz et Strasbourg.
Le citoyen Chappe est chargé de diriger la construction et le placement des télégraphes sur la ligne dont il s’agit ; il sera subordonné à la Commission des travaux publics, qui sera chargée de lui fournir tout ce qui lui sera nécessaire, tant en hommes qu’en matières et en instruments, ainsi que d’acquitter les dépenses qui en résulteront. Le citoyen Chappe rendra compte de toutes ses opérations à la Commission des travaux publics, suivant le mode qu’elle lui prescrira. Cette Commission sera tenue d’informer, chaque décade, le Comité de salut public des résultats de ce travail ; elle lui proposera les traitements à donner tant aux citoyens Chappe qu’aux autres agents employés au service des télégraphes, et elle soumettra de même au Comité un projet de règlement pour le service de ces machines. La Commission des travaux publics est chargée de presser avec toute l’activité possible l’exécution de ce qui est prescrit par le présent arrêté (2).
(2) Arch. nat., AF II, 220. - Copie. Non enregistré