Documents législatifs sur la télégraphie électrique


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Documents législatifs sur la télégraphie électrique

Introduction

« La parole, dit M. Bosellini, est un assemblage de sons complexes destinés à frapper l’oreille de celui qui l’écoute, pour éveiller dans son esprit l’idée même conçue par celui qui parle. Cette idée ne dérive pas directement du son entendu, mais elle est le résultat d’un raisonnement supérieur à la sensation instinctive de tous les animaux, lequel suffit pour établir le consentement, qui à son tour est composé de deux éléments : le fait conçu et le temps passé à le concevoir, c’est-à-dire le même fait dans le même temps(1). »

C’est en effet parce qu’elle sert à exprimer le consentement que la parole, ce don admirable, rend l’homme vraiment supérieur aux autres créatures ; et ce n’est point la puissance de son cri, mais bien la grande variété qu’il donne aux formes de ce cri, qui lui permet de représenter, non-seulement les sensations les plus opposées, mais encore les nuances infinies des sentiments.

1) Le Télégraphe dans ses relations avec la jurisprudence civile et commerciale, par Filippo Seratini (lettre de M. Bosellini à l’auteur). Dans la

traduction que nous avons publiée de l’ouvrage du professeur de Pavie, se trouvent déjà quelques extraits de la lelire de M. Bosellini à notre estimable auteur.

Cette supériorité de la voix humaine sur le langage de tous les êtres devient d’autant plus manifeste que l’homme éprouve plus de désirs, ou qu’il possède une plus grande somme de satisfactions. L’individu isolé n’aurait vraisemblablement d’autre façon d’exprimer ses passions que celle possédée par les animaux de conformation analogue, et il deviendrait même un des parias de la création, si l’instinct puissant de la sociabilité ne le dominait au contraire entièrement. Aussi la manifestation de ce besoin impérieux se révèle-t-elle par un échange de mots, se modifiant au fur et à mesure que les nations se constituent.

A l’enfance des sociétés, la parole seule pouvait suffire pour régler les relations de la famille ; plus tard au contraire la tribu, en se développant, ne se contenta pas d’un son fugitif pour conserver des rapports devenus plus nombreux, plus importants et de là naquit l’écriture, représentant, sous des figures emblématiques, la valeur des sons disparus.

On doit pourtant se demander si, avant l’écriture, les peuples pasteurs n’avaient pas suppléé à la voix

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trop faible par des instruments aux vibrations retentissantes.

Si l’on remonte à la plus haute antiquité, on y découvre toujours l’emploi de tubes aux parois sonores, produisant des accords dont l’ensemble était substitué aux modulations les plus savantes de la voix, lorsque celles-ci ne pouvaient être transmises directement.

Qui donc pourrait dire où résonna le premier instrument dont les notes stridentes traversèrent l’espace afin de remplacer la parole ?

Un feu allumé sur un rocher devenait, lui aussi, un indice presque certain de la présence de l’homme. Et c’est encore à des époques très-reculées que l’on retrouve l’application de torches embrasées, illuminant les cimes des montagnes ou des monuments, pour signaler la marche des armées, leurs succès ou leurs revers.

Quel historien assez sagace pourrait déterminer le lieu où jaillit la première flamme servant de truchement mystérieux ?

Pendant cent générations et plus, l’homme ne posséda pas d’autre procédé rapide pour exprimer au

loin sa volonté, et échanger avec son semblable, sans le secours de la parole, la communication des pensées qui constituent le consentement. Il a fallu arriver jusqu’à nos jours pour que l’humanité entière éprouvât un besoin ardent de suppléer, par tous les moyens possibles, à ce que ses organes avaient d’incomplet.

Les GRECS, les ROMAINS, les GAULOIS, les TARTARES, les MAURES, peuples civilisés ou barbares, vécurent toujours par la guerre et pour la guerre. Peuples nomades, ils n’éprouvèrent aucun besoin d’un lien plus parfait que la parole, et les guerriers seuls adoptèrent des signes de ralliement qui ont traversé tout le moyen âge sans grandes transformations, pour se perfectionner enfin après les grandes découvertes du dix-neuvième siècle.

Lorsque l’illustre CLAUDE CHAPPE construisit son ingénieuse machine aux ailes mobiles, dont les positions diverses figuraient autant de signaux complets, il ne dut pas songer à toute l’importance de son invention, puisqu’il voulut lui donner le nom de tachygraphie, comme s’il se fût agi d’une simple méthode d’écriture abréviative.

Mais il vint à une ère de rénovation sociale étrangement puissante, où toutes les forces vives des

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nations se manifestaient avec fracas, et du moindre fait caché jusqu’alors, on pressentait un résultat merveilleux devant agrandir le cercle étroit dans lequel se mouvaient nos ancêtres.

Accueilli avec faveur par une génération savante avant d’avoir appris, CHAPPE créa un système de signaux pouvant servir aux mouvements des armées ; plus encore, il stimula ce besoin nouveau de la locomotion rapide des corps et des pensées. Ce besoin se manifeste puissamment aujourd’hui, où l’on voit la vapeur traverser les continents et les mers pour transporter les hommes et les choses avec une vélocité inimaginée autrefois; il se révèle de même dans cette prise de possession d’un fluide impondérable, qui, lui aussi, trans- porte la pensée écrite avec une promptitude égale à celle de la parole.

Bientôt, grâce à l’ingéniosité des inventeurs, à la sensibilité des machines que nous voyons surgir de tous côtés, ce ne seront plus ni le tachygraphe, ni le télégraphe qui nous prêteront leur concours, ce sera un téléolographe (?) qui transportera le son lui-même avec les plus suaves inflexions de la voix.

Au moment où CHAPPE établissait sur les vieux clochers des FLANDRES ses manivelles aux

mouvements angulaires, il se trouva comme poussé en avant par un tourbillon imprévu et la télégraphie naquit, fut appliquée avant que l’on eût songé à une réglementation quelconque, non plus qu’à ses destinées futures.

Pourtant un conventionnel, RABAUD-POMMIER, prophétisait déjà cette destinée, le 29 messidor an III, dans un rapport concernant l’établissement de la ligne de PARIS À LANDAU :

« Un jour, disait-il, lorsque la paix permettra le perfectionnement des inventions utiles, le télégraphe, appliqué au commerce, à la physique, à la politique, même à l’agriculture, multipliera les moyens de communication et les rendra plus utiles par leur rapidité. Déjà l’auteur de cette heureuse invention l’a employée à annoncer les orages; car, plus célère que les vents, le télégraphe peut, la nuit comme le jour, transmettre la pensée jusqu’aux extrémités du continent, avec une rapidité presque égale à celle de la lumière. »

Quoique la réalisation des espérances conçues alors n’ait pu avoir son développement complet que soixante ans plus tard, on voit que, même en 1795, la télégraphie, mise à la disposition du commerce, ne paraissait pas une utopie. Il fallut néanmoins retarder

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l’exécution de ce projet, et, comme les signaux des GRECS et des ROMAINS, le télégraphe aérien devint un messager de guerre, annonçant au siège du gouvernement le succès de nos armes, avant que l’étonnement eût cessé dans les rangs ennemis.

Dès le 25 frimaire an III, CHAPPE avait élaboré un projet de règlement complet, où la télégraphie devait être mise entre les mains des particuliers qui s’en seraient servis pour la transmission des messages intéressant l’industrie ou le commerce. Ce projet resta à l’état de lettre morte jusqu’à la RESTAURATION, et plus tard fut appliqué seulement à la LOTERIE. Durant toute son existence, la TÉLÉGRAPHIE AÉRIENNE fut surtout destinée à être l’auxiliaire prompt et fidèle du pouvoir exécutif; l’esprit industriel des temps à venir n’était point parvenu à son apogée, et les frères CHAPPE durent se borner à l’honneur d’avoir inauguré ce système de transmission rapide, sans en retirer un avantage réel.

Peu à peu, néanmoins, l’établissement des chemins de fer devait donner l’impulsion à l’initiative privée; celle-ci, à son tour, comprenant l’utilité des signaux secrets, se serait bientôt emparée de cet émissaire, en faisant concurrence aux procédés administratifs, si l’ÉTAT ne s’était, en 1837, armé d’une loi prohibitive, enlevant à chacun le droit

d’établir et de faire fonctionner des machines télégraphiques. Le monopole de l’ÉTAT en cette matière existe donc légalement depuis 1837 et indique, pour cette époque, la tendance de l’esprit public à user des moyens de communication les plus prompts qui eussent été inventés depuis la constitution des sociétés.

Cette phase d’un demi-siècle a suffi pour montrer jusqu’à quel point la TÉLÉGRAPHIE AÉRIENNE pouvait parvenir. De 1794 à 1854, elle a rendu d’immenses services en France et dans plusieurs Etats de l’Europe, qui avaient copié ou adopté nos procédés; mais l’on doit se demander si, même avec les perfectionnements qu’on pouvait encore y apporter, elle aurait pu remplir une mission plus importante.

Si elle eût été mise à la disposition de tous, n’eût-elle pas provoqué bien des désillusions ? Les signaux, si parfaits par eux-mêmes, ne passaient pas au travers des brumes et des pluies. Un système d’éclairage pour transmission nocturne aurait peut-être servi, mais à de rares intervalles. Si l’on eût augmenté le nombre des postes, on arrivait à grever le budget d’une somme considérable, à multiplier les lenteurs et les difficultés de la transmission, à compromettre même la propriété immobilière par

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suite des dispositions à prendre pour conserver le rayon visuel d’une machine à l’autre.

On peut donc dire que la TÉLÉGRAPHIE AÉRIENNE est tombée devant la découverte des transmissions de courants électriques, autant à cause de la supériorité incontestable de ce nouvel agent, que par suite des défectuosités inhérentes à sa nature propre.

Elle ne pouvait plus répondre à l’activité fébrile de notre génération, qui demande à la nature de nous livrer toutes les forces cachées qu’elle renferme. La mise en pratique de la machine de CHAPPE a seulement déterminé l’expansion du mieux, et c’est certainement à son application que l’on doit les incessantes recherches des physiciens de notre siècle, dont les laborieux efforts ont doté les temps modernes d’une merveille de plus.

II

De 1830 à 1840, le monde savant, après avoir découvert les influences réciproques du magnétisme et de l’électricité, cherchait et se demandait s’il était possible de faire circuler un courant électrique sur un fil exposé aux influences de l’atmosphère. Partout, les explorateurs de cette science nouvelle allaient en

avant, et observaient avec émotion les tressaillements de l’aiguille aimantée, lorsque le fluide électrique venait à passer auprès d’elle.

ŒRSTEDT avait déjà fait part de sa découverte aux ARAGO, aux AMPÈRE, aux FARADAY, et autres électriciens, qui discutaient les phénomènes, et ajoutaient aux premières expériences des faits plus concluants encore. Le bruit de leurs travaux devait dépasser les portes des académies ; l’ANGLETERRE construisait des appareils de transmission, et établissait des lignes avant que l’on eût fixé les bases régulières qui pourraient régir ce messager nouveau.

Peu à peu la publicité donnée aux essais de toute nature fit irruption dans les cercles de législation, et au moment de voter de nouveaux subsides à la TÉLÉGRAPHIE AÉRIENNE, on se demanda ce qu’il y avait de vrai dans les on dit de la science.

Plusieurs machines avaient été expérimentées à l’ACADÉMIE DES SCIENCES, des rapports avaient été publiés ; mais, comme toutes choses inattendues, la surprise qu’elles causaient devait trouver un grand nombre d’incrédules, ou tout au moins des contradicteurs convaincus.

On commença à écouter les orateurs des

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CHAMBRES en 1841 : ils doutaient encore, et demandaient à être édifiés sur le compte des expériences faites en ANGLETERRE par WHEATSTONE, avant de voter de nouvelles allocations pour la télégraphie de nuit.

La question dut rester pendante jusqu’à l’année d’après. ARAGO proclama alors bien haut que la TÉLÉGRAPHIE AÉRIENNE devant disparaître avant peu, toutes les propositions qui pourraient être faites pour son perfectionnement n’étaient rien auprès des merveilles à attendre de la télégraphie électrique.

M. POUILLET commença par protester pour se faire l’avocat d’un projet de télégraphie, ou plutôt d’un VOCABULAIRE TÉLÉGRAPHIQUE, dont l’adoption devait, disait-on, accélérer le passage des signaux aériens, de façon à les rendre vraiment utiles. Ce système de M. GONON, qui trouvait de chauds défenseurs, retarda probablement un peu les expériences que l’on sollicitait ; on considérait comme chimérique l’idée de placer des fils de fer sur des poteaux, lors même que les chemins de fer eussent été établis, et ils étaient à peine tracés !

Deux années s’écoulèrent encore avant qu’une commission officielle fût chargée d’étudier la question et de présenter un projet de construction à titre

d’essai. Cette commission présenta enfin un rapport au roi à la fin de 1844, et le ministre demanda une allocation spéciale pour une ligne entre PARIS ET ROUEN.

La télégraphie électrique gagnait du terrain, mais péniblement et comme entravée par un esprit de coterie, qui n’existait pas lors de la création de la ligne aérienne de PARIS à la frontière de BELGIQUE.

Dès les premiers mois de l’année 1845, les travaux entre PARIS et ROUEN étaient achevés, et l’établissement de cette ligne préoccupa les législateurs qui avaient à rédiger la loi sur la police des chemins de fer, puisqu’il fallait protéger les nouvelles constructions télégraphiques.

A la même époque l’ANGLETERRE, que l’on disait si avancée, en était seulement à ses premières expériences, quoiqu’on y entrevit la possibilité d’appareils parfaits, tels que le pantographe électrique, les imprimeurs mécaniques, etc. Les journaux du temps sont remplis de nouvelles où l’on retrouve, comme bien souvent, plus de projets et d’espérances que de certitudes et de réalités.

Au mois d’avril ARAGO répondit encore à une demande d’explications, et quelques jours après, une

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expérience officielle, entre PARIS et ROUEN inaugura enfin la télégraphie électrique en FRANCE.

Cet essai eut lieu le 18 mai, date importante pour le règne de l’électro-magnétisme appliqué à la télégraphie. Si l’enthousiasme ne fut pas grand comme en 1793, c’est qu’il ne s’agissait plus là de la sécurité du territoire; en outre, l’esprit était déjà accoutumé aux résultats extraordinaires des sciences, et s’étonnait moins de découvertes encore entourées d’incertitude et de mystère.

Il y avait du mystère, car l’administration française possédant le monopole des SIGNAUX AÉRIENS, ne voulut pas se démunir de son ancien vocabulaire. On vit durant plusieurs années ce principe chaudement défendu, et l’appareil français employé exclusivement pour les transmissions. En ANGLETERRE un esprit de nationalité produisit des effets analogues, et eut une grande influence sur les inventeurs, influence dont ils ne se sont pas entièrement dépouillés.

A cette même époque, les premiers cahiers des charges des compagnies de chemins de fer furent rédigés, et l’avenir de la télégraphie électrique imposa aux législateurs l’obligation d’y insérer un article spécial au transport du matériel télégraphique, article dont la teneur n’a pas été sensiblement modifiée

depuis lors.

En 1846, il ne s’agissait plus de voter quelques fonds pour subvenir à des frais d’expériences ; il fallait remplacer la VIEILLE LIGNE AÉRIENNE de PARIS à LILLE par une construction d’après le procédé nouveau.

On commença donc à battre en brèche les machines de CHAPPE, dont les signaux ne traversaient pas les brouillards, tandis qu’au contraire le fluide électrique parcourait plus facilement, disait-on, un fil plongé dans un milieu humide, qu’un conducteur placé dans une atmosphère très-sèche. La nuit, ajoutaient les orateurs, l’électricité ne connaît pas l’obscurité, tandis que les bras du TÉLÉGRAPHE AÉRIEN deviennent inertes et immobiles.

On se préoccupa cependant avant tout de savoir si la conservation des fils tendus sur des poteaux était bien assurée contre la malveillance ? Généralement on pensait qu’un poste aérien serait plus facilement garanti et surveillé qu’une longue ligne électrique, même en admettant les barrières qui protégeraient les voies ferrées. La discussion de cette première loi de crédit indique parfaitement les opinions professées en 1846, puisque l’on voit des hommes éminents ne pas croire à la possibilité de la transmission du fluide

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électrique et des mouvements qu’il peut imprimer à des machines.

Un autre pense que la disposition adoptée pour l’établissement des fils gêne la vue des passants, ou que leur rupture subite peut occasionner de graves accidents aux promeneurs.

Le rapporteur de la loi lui-même, M. POUILLET, tout en admettant la possibilité de la télégraphie électrique, proposait le vote de la loi, seulement à titre d’expérience plus concluante que celle déjà faite sur ROUEN. Le gouvernement demandait comme conséquence de son monopole, que les lignes aboutissant aux gares des chemins de fer fussent prolongées jusqu’au ministère de l’intérieur. Il fallait aussi régler les droits que la compagnie du Nord pourrait avoir sur les transmissions télégraphiques.

Certaines objections paraissent aujourd’hui puériles, et ne devaient pas avoir une grande influence sur l’avenir de la télégraphie électrique; cependant elles n’en furent pas moins une entrave apportée de bonne foi à l’application d’une découverte dont les résultats devaient dépasser les anciennes machines comme la locomotive dépassait le coche du quinzième siècle.

La Chambre des pairs approuva la construction de la ligne de Lille, toujours avec quelques hésitations, mais néanmoins avec l’opinion que peut-être la télégraphie électrique rendrait plus tard de grands services au commerce et surtout aux chemins de fer.

Le gouvernement, qui affirmait la nécessité du monopole, vit se produire en 1847 une demande tendante à ce que la télégraphie électrique fût mise en régie postale, et livrée à la disposition du public; le conseil général du commerce avait émis un vœu dans ce sens; ce vœu public fut repoussé, et la télégraphie électrique resta, sous la monarchie de Juillet, ce que la TÉLÉGRAPHIE AÉRIENNE avait été jusqu’alors.

La révolution de février arriva, avec elle l’oubli de la question, et un instant même on réduisit le budget alloué à l’administration des télégraphes. En 1849 seulement, l’un des anciens administrateurs de la TÉLÉGRAPHIE AÉRIENNE de 1830, M. MARCHAI, demanda si l’on ne songeait pas sérieusement à faire profiter le public des avantages de ce mode de correspondance. On lui répondit par une fin de non-recevoir, sous le prétexte que la question était politique avant tout.

Malgré cela elle faisait du chemin, et on autorisait bientôt la transmission des cours de la Bourse aux

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villes situées sur la LIGNE DU NORD.

Vers la fin de l’année les décisions commencèrent à changer de caractère ; un décret autorisait l’établissement d’une ligne sous-marine entre la FRANCE et l’ANGLETERRE; le gouvernement demandait des crédits pour la construction de lignes terrestres, en disant que les puissances étrangères étaient de beaucoup en avant sur la FRANCE; que la télégraphie, mise à la disposition des particuliers, offrait de minimes inconvénients dont on pourrait se garantir, et que la perception de taxes pour la transmission des dépêches produirait des bénéfices pouvant compenser les charges de l’exploitation.

Le premier crédit demandé était fixé à 685,000 francs. L’ASSEMBLÉE NATIONALE vota un chiffre de 900,000 francs: on commençait donc à prendre la télégraphie électrique en grande considération; aussi son application aux besoins communs suivit de près cette allocation d’un budget considérable : le sort des MACHINES AÉRIENNES était désormais fixé, et leur existence ne devait plus être l’objet d’aucune proposition favorable à leur maintien.

En 1850, on exposa enfin un projet de loi sur la correspondance privée par la voie télégraphique. Tout était à faire en FRANCE ; l’ANGLETERRE,

la PRUSSE, la HOLLANDE, les ETATS UNIS pouvaient seuls nous donner des modèles à consulter.

M. LE VERRIER, qui avait déjà fait l’historique de la télégraphie dans son rapport sur la loi de crédit votée l’année d’avant, indiqua quelles étaient les bases sur lesquelles on pouvait établir une loi primordiale : le monopole de l’Etat, l’identité de l’expéditeur, la non-responsabilité de l’administration, l’abonnement à prix réduit pour les journaux, la transcription sur un registre à souche, la taxe proportionnelle à la distance et au nombre des mots.

Une première discussion à l’ASSEMBLÉE NATIONALE fut presque entièrement consacrée à un amendement relatif à l’admission des anciens militaires pour une grande portion des emplois à créer par suite de l’extension du service ; il fut repoussé comme faisant double emploi avec une loi précédemment votée sur les places à accorder aux officiers ou soldats retraités.

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